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La genèse

 

« Tout homme qui a été professeur

garde en lui quelque chose de l’écolier Â».

                                 Alfred de Vigny

 

 

« Cheveux : châtains, sourcils : châtains, yeux : bleus clairs, front : large, nez : moyen, bouche : moyenne, menton : moyen, visage : ovale, taille : 1 mètre 67 Â».

 

Le livret matricule d’officier dresse, à n’y prêter qu’une rapide attention, le portrait d’un homme banal, noyé dans la masse. Le rédacteur ne dit rien ni du pétillant des yeux bleus clairs, ni de l’esprit vif et inventif qui se cache derrière ce front large et sous ces cheveux châtains.

 

20 février 1906. 20 h. Frédéric Curie voit le jour à Etupes (Doubs) dans une maison de l’actuelle rue de la Libération. Un bâtiment toujours visible, abritant aujourd’hui un restaurant.

 

A l’époque, son père Louis est agriculteur et tient l’un des nombreux cafés du village qui compte au début du XXe siècle un millier d’habitants environ. Sa mère, Marie Anna Doriot est issue d’une ancienne famille du Pays de Montbéliard arrivée de Blamont à Etupes au XVIIIe siècle.

 

            Que dire d’autre sur l’influence qu’a pu avoir sa famille sur le caractère et les convictions de cet Erbaton (nom donné aux habitants d’Etupes). Cette phrase peut-être, prononcée le 20 décembre 1956 devant son cercueil dans le petit cimetière de son village natal :

 

« Notre ami regretté fut, dès sa tendre enfance et au cours de son adolescence, soumis dans le domaine de son évolution spirituelle à la double influence de sa famille et de ses compatriotes chez qui les idées républicaines et laïques ont toujours été à l’honneur. Double milieu caractérisé par une franchise exemplaire, une remarquable clairvoyance, un courage civique digne des plus beaux éloges Â».

 

Ces mots, pesés au trébuchet ont été ciselés par un franc-maçon qui le connaît bien. Membre du Grand Orient de France, Frédéric Curie avait, en effet été initié en 1935 à la Respectable Loge « Les Amis Eprouvés Â» de Montbéliard. A Paris, c’est à la Respectable Loge « Voltaire Â» et à la Respectable Loge « Etoile Polaire Â» qu’il développera son esprit. Il fera partie en 1945 de la Respectable Loge « La Clémente Amitié Â» dont il contribua à la renaissance après la guerre.

 

La famille est, on l’aura compris profondément républicaine et athée dans un environnement vigoureusement luthérien. Frédéric Curie sera pourtant baptisé le dimanche 13 mai 1906 au temple protestant de la localité. Son parrain, Alfred Doriot, deviendra 21 ans plus tard son beau-frère. Aîné de deux sœurs, Rose décédée en 1945 et Marie-Louise disparue en 2006, il sera le seul à avoir été porté sur les fonts baptismaux.

 

Resté fidèle aux convictions familiales, le jeune Curie refuse cependant cette vie entre les champs à cultiver et le comptoir où s’alignent les verres et les consommateurs.

 

Par chance, il est doué pour les études. Certif’ en poche en 1918 à Sochaux, il poursuit son apprentissage : brevet élémentaire à Besançon en 1922, brevet supérieur en 1925 et diplôme de gymnastique la même année.

 

 Â« Après une jeunesse studieuse, l’éducation des jeunes le tente car elle lui paraît le moyen de contribuer au bien-être de chacun et à la grandeur du Pays Â».

 

 C’est le colonel René Beltramelli, compagnon d’armes, qui prend, cette fois, la parole pour l’oraison funèbre qu’il prononça le jour de ses obsèques.

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