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L'instituteur de la République

 

C’est à Mirecourt dans le département des Vosges qu’il entre à l’Ecole Normale d’instituteur le jour de ses 16 ans en 1922.  Il y restera jusqu’en octobre 1925.

 

« J’ai ouvert « Sainte-Colline Â» et en ai lu quelques pages, le début me rappelle les rentrées à l’Ecole Normale, je devrais dire la rentrée puisqu’une seule fois je suis rentré avec les autres : en 2e année. En 1ère année, 1922 (comme c’est loin), je suis rentré quelques jours après, en 1925, dernière année et année de délivrance, je suis entré 1 mois après les autres (…)Ah oui quelles étaient tristes ces rentrée trop hâtives et nocturnes surtout, le train arrivait à 9 h 35, en moins de 5 minutes, il fallait avoir évacué la gare et être rentré au dortoir. Cette brusque transition d’un convoi plein de vie mécanique et humaine à l’immensité froide d’un dortoir, avec l’obligation d’y parler déjà à voix basse, cela ressemble à une incarcération : après le corps, les esprits. Il aurait été si facile de rendre ces rentrées plus gaies pour les jeunes que nous étions. Quelques fleurs, de la lumière, liberté jusqu’à minuit ou 11 h, la transition, commencée à Epinal, dès que le train qui s’y formait se remplissait presque exclusivement de normaliens, aurait été plus douce Pourquoi brider ainsi cette jeunesse exubérante et pleine de croissance, en pleine joie de vivre ; une incorporation à la caserne est moins morose de par le bruit et les quolibets qui l’accompagne. Educateur, éduquez avec gaieté, forcez-là même, les années d’études seraient alors plus profitables si on leur enlevait la contrainte qu’impose une discipline souvent trop sévère avec laquelle le personnel enseignant ne sait pas composer et par ricochet, que d’esprits, que de temps gâché par un jeune homme auquel on a enlevé sa joie de parler et de rire et qui ne considère l’école que comme une vilaine prison. Directeurs d’écoles, faites que les élèves, après un an de séjour chez vous, n’aspirent qu’à y revenir goûter les joies de l’esprit (s’y sentent chez eux), laissez mettre du leur dans la décoration, l’aménagement des salles, du dortoir, considérez les déjà comme des petits hommes capables de se gouverner eux-mêmes (…) Â» (Extrait du cahier de prisonnier de Frédéric Curie à la date du 20 octobre 1940 à la prison du Cherche-Midi à Paris)

 

L’instituteur stagiaire qu’il est devenu, exerce à Epinal puis à Remiremont. Mais le sursis militaire de six mois qu’il a obtenu touche à sa fin et l’armée le réclame.

 

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