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Sécurité Parisienne

I

Sitôt sa sortie de prison, le 6 décembre 1941, il est affecté à la 22e compagnie Choisy-le-Roy. C'est là qu'il va mettre patiemment sur pied le groupe de résistance qui sera baptisé officiellement « Sécurité- Parisienne Â» en janvier 1944. Il recrute d'abord le lieutenant René Blanc au début de l'année 1942, puis d'autres officiers qui vont former les cadres de la structure. Charge à eux de recruter à leur tour. « Sécurité-Parisienne Â» fait partie des « Forces Gouvernementales Â» chargées de préparer la mise en place du Gouvernement Provisoire de la République Française du général De Gaulle et composées de gardes républicains, de gendarmes et de pompiers.

Le groupe « Sécurité-Parisienne Â» sera reconnu par le Comité National de Résistance (CNR) au sortir du Second Conflit mondial, comme membre du MCR, le Mouvement des Combattants de la Résistance dirigé par le docteur Pierre Favreau, dit docteur Pierre.

 

De plus, le colonel Lizé, commandant le département de la Seine pour les FFI, dans une attestation délivrée le même jour certifie que « Le Groupement de résistance du Régiment de Sapeurs-Pompiers de Paris dit « Sécurité-Parisienne Â» fait partie intégrante des Forces Françaises de l’Intérieur Â».

Frédéric Curie, dont le pseudo dans la résistance est Chanal, est aussi en lien avec le groupe « Patriam Recuperare Â», essentiellement composé de francs-maçons dont il est l'un des membres éminents. Il est l'agent 1460 qui fournit, à destination de la France Libre, "des renseignements très importants sur les destructions obtenues par les bombardements alliés, sur les emplacements de batteries anti-aériennes, les transports de matériels allemands. A réussi à photographier des ouvrages ennemis et des points bombardés. En toute occasion a saboté systématiquement le service des incendies d'installations allemandes avec courage et ingéniosité, s'efforçant de neutraliser les destructions entreprises par l'ennemi."

 

Parallèlement, il participe à l'élaboration du plan qui aboutira au coup de main sur le fourgon cellulaire de Jean-Pierre Lévy, membre de l'assemblée consultative d'Alger arrêté lors d'une mission en France occupée.

 

Frédéric Curie fait aussi passer en Suisse le fils de Marcel Poimboeuf, lui aussi membre de l'assemblée Consultative d'Alger. Il est en relation étroite avec le maire d'Etupes, son parrain, qui lui fournit  des renseignements sur le déplacement des troupes allemandes.

 

Enfin et entre autres choses, le groupe « Sécurité-Parisienne Â» a fourni en armes, en matériels et en nourriture des maquis FFI près de Nemours commandés par Paul Delouvrier. Durant la semaine de la Libération de Paris, les sections clandestines de « Sécurité-Parisienne Â» sont opérationnelles mais les actions de résistance ne doivent pas éloigner des missions traditionnelles des sapeurs-pompiers de Paris. Le 20 août 1944, sur ordre du préfet Luizet, préfet de police de Paris et chef des Forces Gouvernementales, Sécurité- Parisienne prend la tête du Régiment des Sapeurs-Pompiers de Paris,  le commandant Camus, promu lieutenant-colonel, devient chef de Corps et le capitaine Curie, promu chef de Bataillon, est son adjoint.

 

Les 180.000 exemplaires du premier journal de la France libre, « L'information officielle des armées de la République Â», imprimés à l’initiative de Pierre Favreau sont distribués par des sapeurs-pompiers de « Sécurité-Parisienne Â».

 

Liaisons avec la Préfecture de Police, transmissions de renseignements, captage de messages allemands, ravitaillement en armes, en munitions et en explosifs de la préfecture de police, participation directe à la bataille par la mise à disposition de chefs FFI, nettoyage des toits à partir du 25 août, liaisons avec les alliés dont l'Etat-major d'Eisenhower, du général De Gaulle et de Leclerc et déploiement sous l'Arc de Triomphe du premier drapeau tricolore, telles furent quelques missions des soldats du feu de Sécurité-Parisienne. Sans oublier la sécurisation de la descente des Champs-Élysées par le général De Gaulle le 26 août 1944.

 

« Le groupe « Sécurité-Parisienne Â» était le seul groupe militaire en France composé de chefs intrinsèquement responsables au point de vue légal et moral de l’emploi des unités placées sous leurs ordres. Les membres de « Sécurité-Parisienne Â», une fois engagés dans le groupe se sont trouvés effectivement soumis à une autorité qui les a employés selon les principes de commandement et non suivant la fantaisie propre de chacun, de sorte que si, dans l’action, certains se sont trouvés plus activement ou plus dangereusement  exposés, ce n’était pas autrement que par le fait, commun à tous, d’appartenir volontairement à la résistance Â»[1]

 

Quinze morts et trente-huit blessés ont été à déplorer durant les opérations de la libération de Paris.

 

Au sortir de la guerre, Frédéric Curie va participer, du 12 au 22 juillet 1949 au procès d'Otto Abetz, ambassadeur du Reich en France sous l'Occupation. Dans ses mémoires parue en 1951 il écrit : « (…) Les jurés (…) étaient tous des militants acharnés de la Résistance et c'est (…) Curie, commandant du Régiment de sapeurs-pompiers de Paris qui donnaient le ton Â».

Il participera également en tant que juré au procès de l'aviateur Dieudonné Coste du 14 au 17 mai 1949.

 

 

 

[1] Extrait d’une lettre de Frédéric Curie adressé au ministre des Forces Armées du 13 décembre 1950 (collection particulière).

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