Lieutenant-colonel Frédéric Curie
Pompier de Paris et résistant
L'hélicoptère
Frédéric Curie est aussi intéressé par les possibilités de l'hélicoptère. L'adjudant de Taddéo, qui fut membre durant l'Occupation du groupe de résistance Sécurité-Parisienne et qui travaille à Chaptal est l'auteur d'un rapport sur l'hélicoptère . Le premier essai a lieu fin 1949 à l'héliport d'Issy-les-Moulineaux avec un Hiller 360 anglais seul appareil, à l'époque, en état de voler en Europe. Suspendu sous l'hélicoptère, de Taddéo est le premier homme à voler dans le ciel de Paris dans cette configuration.
D'autres essais seront organisés avec un Westland-Sikorsky WS-51 et un Bell 47G. « Dès 1951, le chef de Bataillon Curie fut chargé par le ministère de l'Intérieur d'étudier l'utilisation des hélicoptères en matière de lutte contre l'incendie et de sauvetage. En 1954, le lieutenant-colonel Curie et le capitaine Gacoin suivirent la formation de pilotes d'hélicoptères. »
Frédéric Curie a fait partie avec le général Valérie André, (médecin, parachutiste, première femme pilote d’hélicoptère en France, première femme à avoir été nommée général et l’une des rares à avoir été élevée à la dignité de Grand Croix de la Légion d’honneur), l’explorateur Paul-Emile Victor et sous l’impulsion du médecin-général Robert des membres fondateurs de la Lifrassa, la Ligue française de secours et de sauvetages aériens.
En février 1953, il se rend en Hollande lors d'inondations monstres qui feront près de 1.800 victimes. Il se rendra également en septembre 1954 à Orléansville en Algérie où vient de se produire un terrible séisme.
Frédéric Curie pratique régulièrement l'hélicoptère et obtient officiellement son brevet de pilote en avril 1955. Brevet qu'il transforme en brevet de pilote professionnel en août 1956. « Son activité débordante et son enthousiasme l'obligent à se dépenser et tous ceux qui font appel à lui sont entendus : démonstrations, baptêmes de l'air et exercices de sauvetage se succèdent à un rythme toujours plus accéléré. »
Le 30 mai 1956, il réalise la première liaison en hélicoptère entre la Pointe du Raz et l'Ile de Sein. Une rue de l'île porte d'ailleurs encore son nom. En juillet de la même année, il recherche et transporte un blessé aux alentours de Chamonix et le mois suivant, il a participé aux opérations de dégagement de deux alpinistes à la Meije.
Le 7 octobre 1956, lors du Salon Nautique, il est victime du premier accident de ce type : son hélicoptère s'écrase dans la Seine alors qu'il effectue des démonstrations « et il évite une issue fatale grâce à ses réflexes et à sa présence d'esprit ».
Le groupement hélicoptère verra officiellement le jour après la mort du lieutenant-colonel Curie, le 19 juin 1957. Mais Frédéric Curie aura mis sur les rails, avec une énergie inlassable, ce service qui fait encore aujourd'hui l'admiration de tous. Le préfet Sirvent l'explique dans une note : « Préparant les marchés, les suivant dans les différentes phases de la procédure administrative, prenant livraison et essayant lui-même les appareils, il a effectué plus de 500 heures de vol par tous les temps, sur mer, en haute montagne et il a assuré parallèlement de nombreuses missions de secours et de sauvetages. Il est indiscutable que ce labeur écrasant qu'il effectuait seul pour être sûr de sa réussite et qui, maintenant nécessite pour son remplacement, la nomination de quatre personnes, a contribué à attaquer sérieusement sa résistance physique qui était au-dessus de la moyenne et qui, l'amenant à la limite de ses forces a contribué à sa mort brutale. » Il reçoit en 1956, « en récompense de sa hardiesse et pour services rendus à la cause de la giraviation, la médaille de 'Aéronautique. »