Lieutenant-colonel Frédéric Curie
Pompier de Paris et résistant
Le pionnier
« Avant que de se jeter dans le péril, il faut le prévoir et le craindre ;
Mais quand on y est, il ne reste plus qu’à le mépriser ».
Fénelon
L’Ecole nationale des sapeurs-pompiers
Côté Régiment, Frédéric Curie est nommé en juillet 1945, directeur du Centre d'Instruction de la Protection contre l'Incendie embryon d'une Ecole Nationale des Sapeurs-Pompiers « ayant pour but la formation et le perfectionnement du personnel des services de défense passive et de la protection contre l'incendie ».
Le siège était sis au 26 rue Chaptal à Paris. Un arrêté du 24 mars 1954 intégra le Centre dans l'Ecole Nationale de la Protection Civile basée à Nainville-les-Roches en Seine-et-Oise. « Il fournit alors un travail considérable qui dépasse toutes les prévisions. L'organisation de l'Institution qui lui est confiée est un modèle grâce à ses brillantes qualités pédagogiques. Il sait s'attirer la sympathie de tous les stagiaires quelle que soit leur origine, tout en obtenant d'eux une attention soutenue et en les intéressant d'une façon continue aux diverses matières enseignées. »
Et parallèlement, il est volontaire pour toutes missions de sauvetages et pour toutes les destinations. « Jour et nuit, quelle que soit sa fatigue, il est prêt à partir. Mieux, il sollicite et provoque les missions, les remplit pleinement et fait estimer et aimer, en France et hors de France, l'uniforme de son Régiment et du sapeur-pompier français ». Notons par exemple l'important incendie des Landes en août 1949. Frédéric Curie participe aux secours demandés par les autorités locales au régiment de sapeurs-pompiers. Il y obtient une lettre de félicitations pour son courage et son dévouement.
Rappelons nous également ce drame de la spéléologie, qui reste encore de nos jours le plus meurtrier de l'histoire. Il se déroule le 11 novembre 1950. Sept spéléologues francs-comtois se font surprendre par la brusque montée des eaux au "Trou de la Creuse" près de Blamont. Six perdront la vie. Les sapeurs-pompiers sont appelés en renfort par Antoine Peugeot, industriel et ami de Frédéric Curie. « Les pompiers du centre de la protection civile dépendant du corps des Sapeurs-Pompiers de Paris sous la direction du commandant Curie et de l'adjudant de Taddéo sont partis du Bourget à 11 h 15(…) Dès leur arrivée à 17 h 15 ils entreprirent les recherches avec leur scaphandre afin de découvrir le dernier corps ».
Ce drame est à l'origine de la création du plan Orsec auquel Frédéric Curie a participé à l'élaboration : « Rattaché à l'Inspection générale des Services d'Incendie, il effectuait des missions en France et à l'étranger. Il a également préparé les travaux initiaux qui ont abouti à la création du sauvetage aérien en France et en Europe, la mise au point des plans ORSEC, SAMAR et SATER pour le sauvetage en cas de catastrophe et sous toutes ses formes. »
Son énergie ne s'arrête pas là : « Tu n'étais pas l'homme d'une victoire. Tu restais l'homme d'un perpétuel combat. Tu réalises alors que rien n'est fait quand on n'a pas tout fait. Tu participes, tu collabores à des expériences ou des travaux toujours axés vers notre devise et quand tu te fais enfermer dans une atmosphère oxycarbonée pour mieux étudier les mécanismes humains de l'asphyxie, nous savons bien à quoi tu penses et ce que tu as choisi. »