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Les Prémices

 

« Si l’homme est créé libre, il doit se gouverner.

Si l’homme a des tyrans, il doit les détrôner »

     Voltaire

 

Alors que le pays connaît la blitzkrieg, l’invasion et bientôt la débâcle, Frédéric Curie est affecté deux mois à la 25e compagnie de Drancy. Le 1er septembre 1939, alors que les armées du Reich envahissent la Pologne, il prend son service comme commandant en second de la 4e compagnie (Vieux-Colombier), à deux pas de l’église Saint-Sulpice, sous les ordre du capitaine Sarniguet, lui aussi issu de Saint-Maixent. Le 19 juillet 1940, Curie coud lui-même ses galons de capitaine sur son uniforme. Son épouse est partie depuis quelques semaines dans le Sud de la France, plus exactement aux Salins-du-Midi, chez sa sœur Jeanne.

 

Et c’est dans cette caserne, toujours en activité, au numéro 11 de la rue du Vieux-Colombier, qu’il va vivre les heures sombres de l’invasion de Paris. Il va y voir aussi le régiment de sapeurs-pompiers placé sous l’autorité de la Feureshutzpolizei et complètement désarmé par l’ennemi à l’exception de ses officiers. « Le régiment dû donc s’organiser à contre cœur pour vivre avec l’occupant. Un officier allemand [le colonel Rumpf] fut chargé de « contrôler » cet organisme avec des pouvoirs très étendus. Ce que connut alors la France, le régiment le connut à son échelle. Dans le plan technique, il demeurait théoriquement autonome. Dans le plan général, il était laissé en « liberté surveillée » » écrit le capitaine Blanc dans un rapport envoyé au ministre des Armées après la Libération.

 

Au commencement

 

Dès l’armistice signé, Lucien Sarniguet, aidé du lieutenant Curie, dissimule des caisses d’armes provenant de la caserne du Vieux-Colombier. Certaines de ces caisses furent retrouvées fortuitement au Bois de Boulogne, les autres furent détruites lors de l’arrestation des deux officiers. De plus, dès juillet 1940, Lucien Sarniguet  était entré dans le réseau « Armée des Volontaires ». Il comprenait entre autres des anciens combattants de la Grande Guerre. Ces résistants se réunissaient dans un café de la rue Cassette, tout proche de la rue de Rennes et du Vieux-Colombier, tenu par Mme Vidal. Il est certain que Frédéric Curie faisait également partie de ce groupe de résistance. En effet, le nom de cette dame est cité à plusieurs reprises dans les « Cahiers de prisonniers »[1].

 

Au régiment, des sapeurs adhèrent à divers mouvements de résistance. OCM (Organisation civile et militaire) s’y implante timidement : « Une tentative du médecin-capitaine Gros et du lieutenant Gaunay pour former au régiment un groupement de résistance se traduisit par l’arrestation de ses officiers qui, à leur sortie de prison, furent exclus du Corps. Leur tentative devant être reprise et poursuivie par l’adjudant Pierre dont l’organisation rallia par la suite le mouvement Sécurité-Parisienne du capitaine Curie » (Rapport du capitaine Blanc).

 

Le 25 août 1944 est encore loin et les Allemands viennent juste d’investir Paris. Bouillant, on l’a dit, le capitaine Curie, n’hésitera pas, quelques temps seulement après l’invasion allemande, en pleine rue et devant les civils passant là, à obliger un soldat de la Wermacht à le saluer. Ce dernier avait, semble-t-il oublié les règles militaires de base !

 

[1] Six cahiers seront rédigés au jour le jour de son incarcération à sa libération et constitue une mine de renseignements.

 

 

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